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Bernerhofgespräch 2025: «L’administration suisse a-t-elle besoin d’un CHief-Disruptor?»

Le Bernerhofgespräch 2025 a marqué le début du thème annuel de la SSSA «Bureaucratie: seulement une malédiction ou aussi une bénédiction?». Des représentants du monde politique ont discuté sous le titre «L'administration suisse a-t-elle besoin d'un CHief-Disruptor?»

16.05.25


Le 12 mai 2025, le Bernerhofgespräch, un événement annuel organisé par la Société suisse des sciences administratives (SSSA), s’est tenu dans l’enceinte du Bernerhof à Berne. Dans le cadre d’une réflexion sur les dynamiques de modernisation de l’administration publique, la conseillère nationale Jacqueline Badran (PS, ZH) et le conseiller national Christian Wasserfallen (PLR, BE) ont débattu de la pertinence d’une posture de disruption au sein de l’administration suisse. Cette discussion, qui s’inscrivait sous le titre «L’administration suisse a-t-elle besoin d’un CHief-Disruptor?», a permis d’aborder des enjeux tels que la bureaucratie, la dérégulation et la pression de l’innovation dans le contexte de l’administration publique. La discussion a été dirigée de manière dynamique par Sermîn Faki, cheffe de la rubrique nationale chez CHMedia.

Au début de la manifestation, le président de la SSSA et chancelier fédéral, Viktor Rossi, a salué les participants et introduit le sujet. Il a abordé le débat social et politique croissant concernant les questions de régulation, d’efficacité et de gouvernance étatique. Dans ce contexte, il a posé la question de savoir si les administrations suisses avaient besoin d’un CHief-Disruptor, c’est-à-dire d’une figure ou d’une fonction de coordination qui réduise la complexité administrative à travers les différents niveaux étatiques.

Par ailleurs, dans le cadre de la manifestation, Lukas Gresch-Brunner, secrétaire général de la SSSA, a présenté sa démission. Il convient de noter que Susanne Kuster a été nommée pour le remplacer.

Des approches différentes de la bureaucratie

Au cours de la table ronde, il a été mis en évidence que l’évaluation de la bureaucratie variait en fonction de la perspective politique adoptée. Dans son analyse, Christian Wasserfallen souligne que les procédures administratives sont souvent caractérisées par un formalisme excessif, ce qui complexifie les processus de changement en raison des structures organisationnelles existantes. Il a été constaté que les responsabilités sont souvent floues, ce qui complique une gestion efficace. Par ailleurs, il s’avère essentiel de communiquer de manière proactive et limpide les répercussions des réglementations, notamment pour les entités privées.

Jacqueline Badran a, en revanche, souligné que de nombreuses réglementations s’étaient développées au fil du temps et qu’elles étaient objectivement fondées. Les recherches effectuées au sein de l’administration de la ville de Zurich ont permis de mettre en évidence l’accomplissement de tâches complexes de grande qualité par les grandes administrations. Ces dernières se distinguent notamment dans les domaines des transports publics, des infrastructures ou de la formation. Les règlementations sont généralement établies en réponse à des problèmes concrets ou à des préoccupations en matière de sécurité. Parallèlement, il est impératif de procéder à des contrôles réguliers des règles existantes et de les adapter si nécessaire.

Dynamiques réglementaires et possibilités de réforme

Les deux intervenants ont illustré leurs propos par des exemples de nouvelles réglementations créées par des cas isolés ou par l’attention des médias, par exemple dans le domaine de la construction, de la protection des animaux ou des questions de sécurité. Parallèlement, ils ont souligné les possibilités existantes d’examiner et de réviser les réglementations. Ces procédures comprennent notamment les révisions légales, les consultations publiques et les analyses d’impact de la réglementation, qui permettent, à l’heure actuelle, de procéder de manière différenciée.Cette approche différenciée de la bureaucratie est un sujet de recherche qui mérite une attention particulière.

Les avis étaient partagés concernant l’opportunité de mettre en place des structures de coordination supplémentaires ou d’un « processus d’épuration » systématique au sein de l’administration. Dans le cadre du débat sur l’amélioration de la visibilité à l’échelle supérieure, Christian Wasserfallen a plaidé en faveur d’une démarche proactive visant à renforcer la transparence et l’intégrité du processus décisionnel. En réponse à cette proposition, Jacqueline Badran a mis en lumière les progrès réalisés dans la réduction des charges légales héritées du passé, soulignant les efforts en cours pour l’actualisation des réglementations.

Digitalisation et développement technologique

Par la suite, les enjeux de la transformation numérique ont été discutés. Dans le cadre de sa stratégie de développement, Christian Wasserfallen a exprimé son soutien à l’intégration des avancées technologiques, telles que l’intelligence artificielle ou la blockchain, au sein des cadres juridiques existants. Cette approche, qui vise à optimiser l’utilisation des lois en vigueur, est perçue comme plus efficiente que la création de nouvelles législations spécifiques.

Jacqueline Badran a mis en exergue l’impact considérable des technologies numériques sur les sphères sociale et économique. Elle a plaidé en faveur d’une réglementation rigoureuse, prenant en compte les risques et opportunités inhérents à ces technologies.Les débats ont porté sur la pertinence de mettre en place des structures de coordination additionnelles ou d’un processus systématique de « purification » au sein de l’administration. Dans le cadre du processus de révision en cours, Christian Wasserfallen a plaidé pour une augmentation de la visibilité au niveau supérieur. Jacqueline Badran a quant à elle mis en évidence l’élimination de nombreuses charges légales héritées du passé et la mise en œuvre de modernisations.

Autres thèmes abordés par le public

D’autres thèmes ont été abordés lors de la discussion avec le public, notamment le développement du personnel dans le secteur public et la marge de manœuvre des collaborateurs de l’administration. Il a notamment été évoqué que des frais de personnel constants au niveau fédéral allaient de pair avec des tâches croissantes dans l’éducation, la santé et les entreprises proches de l’État. Les participants se sont accordés à dire que les professionnels qualifiés devraient pouvoir agir de manière aussi autonome que possible dans un cadre clair.

En ce qui concerne les conséquences économiques des réglementations, les deux intervenants ont fait référence aux procédures existantes, telles que l’analyse d’impact de la réglementation ou la loi sur l’allègement des entreprises. En même temps, ils ont fait remarquer que leur effet dans la pratique était jusqu’à présent limité et qu’il fallait encore le renforcer.

de gauche à droite: Conseillère nationale Jacqueline Badran (PS, ZH); Sermîn Faki Responsable Suisse chez CHMedia; Conseiller national Christian Wasserfallen (PLR, BE)

Conclusion et perspectives

En conclusion, Lukas Gresch-Brunner a mis en exergue la complexité du sujet, comme en témoignent les discussions. Malgré des points de vue divers, un consensus a été atteint concernant l’importance d’une évaluation périodique des réglementations, d’une simplification ciblée là où elle s’avère pertinente, ainsi que d’une utilisation responsable des outils de contrôle existants.

Le Bernerhofgespräch 2025 a marqué le lancement du thème annuel de la SSSA: «La bureaucratie: seulement une malédiction ou aussi une bénédiction?» Un autre débat approfondi sera organisé lors de la traditionnel conférence d’automne du 30 octobre 2025.

La SSSA tient à exprimer sa gratitude envers tous les participants et les organisations partenaires pour leur contribution essentielle à la réussite de cet événement.

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