Rapport final sur la conférence d’automne 2024 de la Société suisse des sciences administratives (SSSA)

La question de savoir comment la Suisse peut relever ses défis en matière de politique financière était au cœur du congrès d'automne 2024 de la SSSA. Des exposés passionnants, notamment de la conseillère fédérale Keller-Sutter, et une discussion de panel intensive ont donné des impulsions importantes pour l'avenir de la politique financière suisse.

20.11.24

«Les défis de la politique financière : quelles réponses la Suisse apporte-t-elle?»

La conférence d’automne 2024 de la SSSA était placée sous le signe des questions urgentes relatives à la consolidation budgétaire et aux défis de la politique financière de la Suisse. Des contributions de la politique, de la science et de l’administration ont permis de débattre de solutions visant à garantir à long terme la stabilité et la capacité d’action du système financier suisse. La conférence a été ouverte par le chancelier de la Confédération et président de la SSSA, Viktor Rossi, modérée par Lukas Gresch, secrétaire général de la SSSA, et conclue par un mot de Lukas Bruhin, responsable de la conférence et membre du comité de la SSSA.

Discours de bienvenue du chancelier fédéral et président de la SSSA Viktor Rossi

Dans son discours de bienvenue, le chancelier fédéral Viktor Rossi a souligné la pertinence des gains d’efficacité par la numérisation et la politique du personnel. Il a évoqué la nécessité d’un examen ciblé des subventions et d’investissements durables afin de rendre l’administration plus résistante aux crises. Il a notamment souligné l’importance des compétences de direction et du recrutement de personnel qualifié pour relever les défis de demain.

Présentations des principaux intervenants

Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter : «Comment la Confédération peut-elle sortir de l’impasse financière?»

La conseillère fédérale Keller-Sutter a expliqué les mesures de consolidation budgétaire de la Confédération, dont le paquet d’allègement budgétaire à partir de 2027. Elle a souligné que le frein à l’endettement était un instrument important pour freiner la croissance des dépenses et garantir la stabilité de la politique financière. Son message était clair : une politique financière solide est une condition fondamentale pour le bien-être social et la capacité d’action de l’État.

L’exposé complet de la conseillère fédérale Keller Sutter peut être consulté ici.

Prof. Dr. Tobias Straumann: «Les leçons de l’histoire»

Le professeur Straumann a esquissé les trois phases historiques de la consolidation budgétaire en Suisse et leurs mesures centrales :

Réduction des dépenses militaires
Introduction d’impôts et réduction ciblée des dépenses.

Il a souligné que la Suisse avait prouvé par le passé qu’elle était capable de surmonter avec succès de tels défis et s’est montré confiant quant aux mesures de consolidation actuelles.

Président de la Conférence des gouvernements cantonaux et conseiller d’Etat Dr Markus Dieth: «Répartition des tâches entre la Confédération et les cantons»

Markus Dieth a parlé de l’équivalence fiscale et des défis du système fédéraliste. Il a souligné la nécessité d’une répartition claire des compétences afin de renforcer les responsabilités et d’éviter les doublons. Avec le « désenchevêtrement 27 », la Confédération et les cantons sont confrontés à un projet de réforme important qui devrait accroître l’efficacité et la capacité d’action.

Prof. Dr. Marius Brülhart: «Perspectives scientifiques sur la consolidation»

Le professeur Brülhart a constaté que le besoin de consolidation de la Suisse est comparativement faible. Il a toutefois souligné que l’aménagement optimal des mesures d’économie reste une question de répartition. Les méthodes scientifiques pourraient aider à mieux analyser les effets de répartition, même si les réponses définitives restent difficiles.

Table ronde: approche de la Confédération en matière de consolidation budgétaire

La table ronde a mis en lumière les perspectives du Contrôle des finances (Pascal Stirnimann, directeur du Contrôle fédéral des finances), des cantons (Ernst Stocker, président de la CDF et conseiller d’Etat du canton de Zurich), des villes (Florence Germond, directrice des finances de la ville de Lausanne et conseillère municipale de la ville de Lausanne) et du groupe d’experts externe chargé de l’assainissement du budget fédéral (Dr. Serge Gaillard, Président du groupe d‘expert·e·s externes pour l‘assainissement du budget fédéral)

Dr. Gaillard a souligné que l’examen des subventions avait permis d’identifier d’importantes économies potentielles et a insisté sur le fait que la hiérarchisation des dépenses était essentielle pour relever les défis de demain. Selon lui, il est particulièrement important que l’objectif ne consiste pas en de simples transferts de charges, mais en une augmentation de l’efficacité et en une répartition plus claire des compétences entre la Confédération et les cantons. Pascal Stirnimann a rappelé le rôle du contrôle des finances dans l’identification des subventions inefficaces. Ernst Stocker a souligné l’importance d’une prise de conscience financière à long terme à tous les niveaux, tandis que Florence Germond a plaidé pour une répartition équitable des charges et a mis en évidence les risques liés aux réductions de prestations.

La discussion a mis en évidence le fait qu’une politique financière durable n’est possible que par une étroite collaboration entre la Confédération, les cantons et les villes ainsi que par une mise en œuvre conséquente des réformes.

Conclusions et perspectives

La conférence a montré que la Suisse est certes confrontée à de grands défis, mais qu’elle peut envisager l’avenir avec optimisme grâce à des mesures ciblées et à une stabilité qui a fait ses preuves au fil du temps. Les discussions ont permis de dégager les messages clés suivants :

L’équivalence fiscale reste un principe directeur central.
Il est essentiel d’améliorer l’efficacité et de définir clairement les compétences.
Une consolidation budgétaire durable ne doit pas renforcer les différences sociales.

Les résultats de la conférence constituent une base solide pour les discussions futures et les décisions politiques concrètes.

Nous tenons à remercier tout particulièrement les conférenciers et les intervenants, ainsi que tous les participants qui ont enrichi le congrès par leurs contributions et leurs questions. Les connaissances acquises permettront de poser les jalons d’une politique financière durable et orientée vers l’avenir.

Nous remercions également nos partenaires KPMG, T-Systems, Novo Business, Fabasoft 4teamwork AG, la Chancellerie fédérale, ASSH Académie suisse des sciences humaines et sociales, Institut de gestion administrative IVM de la ZHAW SML pour leur soutien!